taos

57 - Rio Pueblo de Taos, Old 570 Trail, Graffitis, Pilar

Repas et conversation française avec George. Comme d'habitude ça se prolonge et je lui propose qu'on aille ensemble au Rio Grande pour essayer ce chemin qui remonte jusqu'à la 570, là où j'avais rencontré la femme aux 6 chiens un soir blafard.On passe par le haut pont sur les gorges, puis la rim road qui se transforme en piste et descend jusqu'au petit pont en bas, où arrive le rio Pueblo de Taos.Le long de la rivière, c'est beau, très chaud aussi. Peu à peu le chemin s'élève, devient minuscule, s'élargit à nouveau. Des jeunes sont en train de traverser le rio en bas, 2 d'entre eux sont dans l'eau qui est très très froide. Rires, cris, glissades. Il y a encore de la neige et de la glace aux endroits tout le temps à l'ombre. On continue, je repère des endroits qui me plaisent. Prends quelques photos avec le sténopé. Contraste très fort entre les parties du canyon à l'ombre et celles au soleil. Arrivés presqu'en haut, la voiture violette donnera le ton.On arrive à l'ancienne 570, devenue la Cr110, plein de graffitis sur des rochers puis ce qui reste d'un pont un peu plus loin.Douceur de la descente pour le retour. Le soleil passe la limite du canyon. Nous quittons la lumière très blanche qui écrasait le paysage. L'ombre nous rend la lisibilité des formes et des couleurs. Et c'est comme si la possibilité de lire le paysage lui redonnait une sorte d'humanité. George m'attend pendant que je descends à un élargissement de la rivière, repérer et photographier. Je reviendrai. Plein d'endroits à contempler.C'est le soir, on roule le long du Rio Grande vers le sud jusqu'à Pilar où on rejoint la grande route qui remonte vers Taos, les montagnes au loin toujours.La nuit tombe. Comme d'hab, chacun dans sa casita.Demain, George me racontera qu'il a fêté la St Patrick en ville.

50 - Timothy O. Sutherland, Cow-boy et Machine à Café, Robbie au Caffee Tazza, Blurb

La voiture à la fenêtre disparaît sous la neige. Pas très froid.Je lis Ed et ses cartes postales en tous genres, mais presque toujours un peu en colère, ça me rassure. Y'en a d'autres. Le plus surprenant c'est qu'il a écrit tout ça entre 1949 et 1989,  avec la même urgence que celle d'aujourd'hui.Rendez-vous avec Robbie au Caffee Tazza. En y allant, court arrêt chez Tim O. Sutherland, photographe et qui propose des impressions digitales. On parle comme d'habitude digital et argentique, me montre sa dernière acquisition un Sony qu'il trouve très très bon et  me montre une grande photo panoramique en noir et blanc, winter sunrise over Taos Mountain dont la qualité est surprenante. Nous échangeons nos cartes et lui dis que je reviens plus longuement après le rendez-vous.Robbie est déjà là. Les mêmes cow-boys que l'autre fois, l'un, avec casquette, est en train de prendre des photos d'une ancienne machine à expresso italienne en cuivre qu'il veut vendre sur ebay. Il est comme chez lui, astique le cuivre, essaie différents emplacements pour prendre la photo, discute du prix qu'il compte en tirer avec son ami. Peut-être est-il chez lui, après tout.Avec Robbie, on parle livres photos, je lui rapporte les deux sur Venise qu'elle a  auto-publiés sur Blurb, et il y a aussi celui-ci.C''est vraiment bien cette possibilité, qu'utilise aussi Carolyn pour ses pièces.  On en vient à nos filles. La difficulté pour tous nos enfants de gagner leur vie à la mesure de leur travail, de la cherté des loyers etc... Je lui parle de la visite à T. O. Sutherland (j'ai un peu de mal avec le passage immédiat au prénom) et on décide d'aller le voir. Il est avec un autre photographe, je montre à Robbie le panoramique magnifique. Tim lui montre le Sony. Discussion technique, Hasselblad, Leica, Rolleiflex.Je regarde les tirages: en particulier des portraits, que Tim est en train de préparer pour sa prochaine exposition. Et puis son livre sur de l'ouest américain. J'allais oublié, au moment où nous sommes entrées, il me dit: "Ah! Tout le temps de ton rendez-vous, je l'ai passé sur ton site. Les couleurs j'aime pas trop. Ah! Si la Patagonie", je souris, comme par hasard mais il l'avait remarqué, ce sont des négatifs que j'ai scannés, "mais les noir et blanc, chapeau! Les ombres et tout, c'est très beau." Je ne peux pas m'empêcher de lui dire que c'est aussi mon avis, en rigolant bien sûr… pour ne pas avoir l'air...  de quoi d'ailleurs? On prend rendez-vous pour des tirages éventuels.Il est 1h, je rentre, déjeune, range un peu, lis, Robbie me dit qu'elle a changé son site. Je regarde et oui il est drôlement bien. Il y a un de ses livres d'artiste qui me plaît beaucoup. Elle m'a justement proposé un échange. On va voir.3h et demi, départ pour le nord de Taos. La lumière est presque comme hier. Soleil, brume.Le soleil est couché. Juste pour rappel de ce qui a eu lieu, plein ouest une ligne claire différente chaque soir on dirait, tenant du rose, ou du jaune, ou ivoire, tremblotante et  liquide, ou rouge, ou verte, blanc neigeux, ou mauve, ou grise et qui "sombre" elle aussi, nous laissant seuls avec nos phares. Rentrer bien au chaud dans la voiture et la nuit, quel plaisir. Voilà Taos avec ses lumières, et en arrivant, les 2 casitas éclairées, mes voisins sont là. 

49 - Matins Tranquilles, les Brèves de Comptoir de George, Arroyo Hondo, Pêche à la Truite

En ce moment les matins sont tranquilles, le temps s'y prête, gloomy, comme on dit ici. En général ça se lève dans l'après midi.A midi George arrive pour la conversation française/repas. Jambon, riz, poireaux sautés, petites omelettes au persil, eau du puits d'Hélène. On se régale et on parle des "Brèves de Comptoir" dont l'idée plait beaucoup à Georges qui a ce même talent incroyablement vivant pour raconter tout ce qu'il entend lors de ses virées en ville ou quand il prend le bus. Au dessert - fruits - on reparle en Anglais de tout et de rien, de nos co-résidents, de nous, de Nicolas Bouvier, de Gorki Park de Martin Cruz Smith.Vers 16h je pars pour Arroyo Seco et prend une petite route de traverse vers le village d'Arroyo Hondo, où j'arrive assez tard. Avant, les chevaux dans le blanc bleu d'hiver, la mesa dans l'ombre, la lumière sur la plaine.Le soleil est maintenant plus bas que les nuages. Les champs et les arbres, orangés. Plus de neige. Comme si les maisons proches réchauffaient les champs. Je traverse la 522 qui va de Questa à Taos, en continuant sur la petite route qui longe le rio. M'arrête et prend le sténopé pour essayer 2, 3 photos de la rivière et des arbres.Quand j'ai fini et que je retourne vers la voiture garée un peu plus loin je vois un type sortir de la sienne, bleu roi, avec sa canne à pêche. A 100 m du village, au bord de la route, il s'installe tranquillement. Lui demande si oui c'est bien une canne  pêche qu'il a. Il rigole carrément faut dire c'est la question idiote... pas trouvé mieux pour l'aborder. Il me demande d'où je viens, dès que je réponds France il me serre chaleureusement la main. Il continue; "Oh oui je viens là depuis tout petit,  je suis né ici et j'y ai toujours vécu et ai toujours attrapé des truites dans cette rivière." Il venait pour son dîner. L'eau était claire… Le laisse tranquille et reprends la 522 qui passe dans d'immenses espaces, on voit tellement loin. La nuit monte, envahit de gris puis de bleu sombre le ciel.A un moment où je me suis arrêtée pour encore prendre une photo, je vois une voiture faire demi tour et revenir vers moi, il a l'air du fermier qui rentre chez lui, ralentit, la fenêtre ouverte,  et depuis l'autre côté de la route commence à dire je ne sais pas quoi. Je remonte en voiture et démarre. Il me suit. Me voyant les bras en l'air pour prendre la photo…il m'a, point de vue français,  prise pour une vieille prostituée en train de lui faire des grands signes ou a pensé, point de vue américain, que j'avais besoin d'aide et  gracieusement raccompagné jusqu'à la ville. 

46 - L'Espace du Dedans, Conversation, Musique, Lecture, la Venise de Robbie Steinbach

Aujourd'hui j'ai décidé de faire un break. Lecture, musique.Lis le journal que Robbie a tenu pendant sa résidence à Venise. Avec plein de photos dont certaines que j'aime beaucoup. Et la liberté d'un temps offert sans obligation aucune.Une très longue conversation avec Pascale et maman sur Skype. Pascale me redit que Pierrefeu ça avance et que demain des amis vont voir la pièce que joue Félicie. Je lui parle d'Ed Abbey qui devrait beaucoup lui plaire, maman de la tempête qui vient de ravager les côtes entre la Bretagne et Bordeaux, je raconte mes rencontres, etc…En fin d'après-midi j'emmène Liz chez Albertson, on rentre avec un magnifique ciel gris bleu, pourpre, mauve, rose, vous ne le verrez pas car pour moi aujourd'hui il n'y a que l'Espace du Dedans.C'est un titre d'Henri Michaux, très souvent repris. Je ne résiste pas a la tentation de la citation:"Dans les livres, il cherche la révélation. Il les parcourt en flèche. Tout à coup, grand bonheur, une phrase... un incident... un je ne sais quoi, il y a là quelque chose... Alors il se met à léviter vers ce quelque chose avec le plus qu’il peut de lui-même, parfois s’y accole d’un coup comme le fer à l’aimant. Il y appelle ses autres notions: «venez, venez». Il est là quelque temps dans les tourbillons et les serpentins et dans une clarté qui dit «c’est là». Après quelque intervalle, toutefois, par morceaux, petit à petit, le voilà qui se détache, retombe un peu, beaucoup, mais jamais si bas que là où il était précédemment. Il a gagné quelque chose. Il s’est fait un peu supérieur à lui-même. Il a toujours pensé qu’une idée de plus n’est pas une addition. Non, un désordre ivre, une perte de sang-froid, une fusée, ensuite une ascension générale. Les livres lui ont donné quelques révélations."ni à celle de l'énumération de titres de ses livres, sorte de navigation surréaliste:Jubilation à l'infini de la disparition des disparités, Les Rêves et la Jambe,  La nuit remue, Sifflets dans le temple, La Ralentie, Plume, Au pays de la magie, Arbres des Tropiques, Je vous écris d'un pays lointain, Exorcismes, Labyrinthes, Le Lobe des monstres, Épreuves, exorcismes, Ici, Poddema, Ailleurs, Meidosems, La Vie dans les plis, Arriver à se réveiller, Tranches de savoir suivi du Secret de la situation politique, Face aux verrous, Quatre cents hommes en croix, L'Infini turbulent, Paix dans les brisements, Vigies sur cibles, Connaissance par les gouffres, Les Grandes Épreuves de l'esprit et les innombrables petites, Façons d'endormi, façons d'éveillé, Droites libérées, Émergences-résurgences, En rêvant à partir de peintures énigmatiques, Face à ce qui se dérobe, Poteaux d'angle, Comme un ensablement...Musique, un autre espace du dedans. Ecoutons: John Surman.

45 - Edward Abbey, Monde Sauvage, Camino de la Placita, Guadalupe Plaza et Ledoux Street

Il est tard, la matinée presque passée, je regarde mes mails, juste José qui commente mon envoi.Je lis Postcards from Ed Abbey. et ris toute seule. Attaque sur tous les fronts, écrivains, journalistes, politiques. Son combat pour qu'un peu de monde intact et sauvage survive est constant et sans concession. "Wilderness is not a place of privilege, but rather a place of integrity, where the evolutionary processes of life are free to continue." Et une amie, philosophe britannique, Mary Midgley : "Le vaste monde nous est nécessaire, et ce doit être un monde qui n'a pas besoin de nous; un monde qui sache nous surprendre sans cesse, un monde que nous n'avons pas programmé, puisque seul un tel monde provoquera notre émerveillement." Etc…Vers 5h et demi c'est vers la ville que je vais, pour changer.Kit Carson  street je croise cet homme avec son chien et il me fait penser aux photos d'Ed Abbey alors je lui demande si je peux les prendre en photo.Résultats des élections en passant. Puis Don Fernando street, Guadalupe Plaza, Padre Martinez lane pour une visite à pied des quartiers les plus anciens. Le soleil se couche, et ce sera pour vous: Camino de la Placita et Ledoux street by night.En rentrant entre les arbres je vois Orion et son bouclier. Peu d'éclairage dans les rues Los Pandos et Burch, les étoiles brillent encore plus et l'air est sec et limpide ici, à 2000m.

42 - Elections à Taos, les Chevaux d'Arroyo Seco, Rachmaninof sur le piano d'Helen Würlitzer et les sculptures de Patrocito Barela

Les élections se préparent.Passe à la bibliothèque échanger des livres et rendre le film de Diane Kurys sur George Sand et Musset. Ça me donne envie de lire Les confessions d'un Enfant du Siècle. Une tirade d'On ne badine pas avec l'amour, dans le film. Mais je l'ai dans l'oreille dite par Gérard Philippe au TNP: - "Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n'est qu'un égoût sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière ; et on se dit : “ J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui.”- "Tu vis. La question n'est pas de savoir si c'est pour ton plaisir ou pour ton malheur, et d'ailleurs qui la résoudrait ?Tu vis, tu respires et le ciel est beau.", répond George SandArroyo Seco, les chevaux sont dans les prés, la neige fond un peu, les corbeaux se réunissent, planent, se parlent.J'écoute le vent, l'eau du ruisseau, des cloches au loin, des pas derrière moi, une fille qui se balade, le crissement de mes pas dans la neige entassée près des clôtures, un hennissement, là-bas devant la ferme, 2 chiens qui aboient de plus en plus énervés, par quoi?Je vois l'oiseau sur la croupe du cheval et le pommelé gris tellement beau au loin, dont je m'approche et qui a une large blessure ensanglantée à l'encolure; il vient jusqu'à la barrière, il reste de l'autre côté, sur le territoire des Indiens du pueblo. Je lui parle un peu. Je pense à Cécile qui aurait su et fait quelque chose. Moi rien. Regarder toujours.Il est 1h, je rentre, quitte le cheval. A 14 h on a rendez-vous chez Hélène. Lera nous joue un prélude de Rachmaninof sur le piano légèrement désaccordé, il a besoin qu'on joue dit Lera et elle raconte ensuite que dans les partitions de la maison qu'elle a empruntées, il y a des transcriptions pour piano des chants et musiques du pueblo. Certains très transcrits et occidentalisés, d'autres qui lui semblent plus fidèles aux originaux et elle nous en chantent 2 mesures étranges (ères). La visite continue.  J'écoute assez distraitement sauf toucher les personnages en bois sculptés de Patrocito Barela. Aucun succès au point que ses sculptures alimentaient parfois le feu qui réchauffait ses enfants et sa femme. Aujourd'hui qu'il est mort, celles qui restent se vendent bien.Michael nous dit que cette bibliothèque où nous sommes est à notre disposition, consultation sur place. Je reviendrai, plein de livres d'art, romans,  des biographies de gens d'ici, des livres anciens dont une collection de livres Français (Voltaire, Rousseau, etc…), tous empaquetés de blanc pour protéger leur fragilité. Ils ne semblent pas reliés, les titres ont été écrits à l'encre, écriture élancée de nos grands-parents.Retour à ma casita, à mon désordre, à mon immense tranquillité.Ah! Liz frappe, je l'emmène "shopper" chez Smith et à notre retour nous trouvons Carolyn assise devant la porte, l'ordi sur les genoux, l'enveloppe avec sa pièce traduite en Français que je dois corriger. Thé et commentaires de la soirée de la veille à 3. Liz s'en va. On continue la discussion avec Carolyn sur l'écriture et au diable la littérature. On dîne, je travaille un peu, trouve un mail de Lera avec l'adresse du blog où elle publie de temps en temps. Je vais voir, articles sur des musiciens ou plus autobiographiques. J'en lis quelques uns. Le souffle du poêle à gaz. Sa chaleur à mes jambes, vous vous souvenez je suis dans mon fauteuil vieux rose, une voiture dehors, la radio à fond, elle passe. Je vais dormir.

39 - Séverin, Rio Hondo, Valdez, Patrick et François Rabath

Mail de Pascale: Séverin est mort dans un attentat suicide à Kaboul.

Une semaine après l'incinération de Narda. Nous pensons à Vincent, Colette, Elizabeth, Perle, les enfants. Non, nous ne pensons plus. Abasourdis, silencieux.  Violence de gens qui meurent pour en tuer d'autres, désespérés mais aussi brutaux, sans pensée humaine, complètement déréglés. A l'image de la haine et de l'intolérance qui montent, à des degrés divers, mais un peu partout.La mort s'approche, on a l'impression que tout s'accélère vers un changement qui paraît pour l'instant terriblement négatif. Ici il y a des gens qui chaque semaine vont prier à l'église, ou au lac des premiers hommes pour que l'humanité, le monde retrouvent un équilibre...Longue conversation teintée de tristesse avec Pascale.A 10h30,Patrick arrive.Cela va me sortir des pensées pour Narda et Séverin.Nous partons vers Coyote Creek, prenons quelques photos de repérage puis redescendons.Passons par Valdez, nom donné à tout un ensemble de fermes sur les mesas qui entourent les rives du canyon où coule le rio Hondo. On prend des pistes, on se perd retrouve la rivière. On explore différents endroits. C'est assez beau avec d'un côté des landes et rochers qui descendent jusqu'au lit du Rio et de l'autre des a pics sombres. Je prends quelques photos avec mon sténopé.Il fait tellement bon qu'on regrette de ne pas avoir pris de piquenique. Patrick, compositeur et contrebassiste,  me parle des 7 mois passés en France pour prendre des leçons avec François Rabath qu'il considère comme un guru de la contrebasse. Me raconte qu'il a une bourse d'un an pour faire un livre qu'il voudrait holographique et musical pour lier les photos qu'il prend depuis 10 ans des maisons abandonnées du nord du Nouveau Mexique, la musique qu'il compose et ce qu'il écrit.Imite sans cesse mon accent français. Je lui dis qu'en 7 mois, il devrait parler Français, il me dit qu'il se débrouille dans les trucs de tous les jours mais ne peut pas parler de ses projets etc… dans ma langue.En nous perdant, nous trouvons 2 maisons qu'il n'avait jamais vues. Photos pendant que je continue à pied. Il me rattrapera plus loin. La piste suit maintenant le rio Hondo jusqu'à sa jonction avec le rio Grande. "Non" me dit Patrick, "ici tout le monde dit le RIO!". OK.On traverse le pont, admire les pêcheurs à la mouche qui n'ont pas l'air d'attraper grand'chose. On hésite à remonter par la rive opposée et nous décidons finalement de remonter du même côté pour aller reconnaître une courte piste qui a l'air de s'approcher du RIO - donc -, à un endroit très sauvage et qu'il ne connaît pas. Nous voilà embarqués dans un mélange de neige, glace ou boue suivant les endroits! Au bout, l'entaille, les gorges, avec à certains endroits qui avancent sur le vide, des vues à couper le souffle sur la rivière en bas, très bas, et au loin, après les landes et les buissons de sauge d'ici gris cendré, oui au très loin les montagnes plus ou moins effilées.La nuit tombe et je pense à Séverin et Vincent, Colette, Baptiste et tous les autres de la famille.