Temps blanc.Narda est morte. Eloise me rappelle ce souvenir: Narda nous avait envoyé pour sa naissance un trèfle à quatre feuilles que nous lui avions donné plus tard.Bien qu'elle ne l'ait pas revue depuis des années elle a tenu à accompagner Jean-Pierre et son parrain, Vincent, et tous les autres, famille et amis à l'incinération, au cimetière du Père Lachaise.Je repense à ces années où on se retrouvait au "Moulin de Narda", où on a tellement ri et fait de choses, entre autres kayak, pizzas et pain dans le four à bois, jeux en tous genres, saucissons et boudins, transformer la crème fraîche (qui accompagne les mûres) en beurre rien qu'en tournant sa cuillère dans l'assiette et refaire le monde en parlant jusqu'au bout de la nuit.Narda qui à chaque nouvelle année nous écrivait une longue et magnifique lettre dans laquelle elle réinventait notre vie à partir des photos que je lui envoyais et nous donnait de ses nouvelles. Un récit surprenant et affectueux. La famille de toujours.Il est déjà 5h. Le soleil éclatant me pousse dehors. Obsessive, je retourne sur ma lande, aujourd'hui, brillante et sous une neige épaisse. La voiture sous la neige, le cimetière... Je pars jusqu'à l'autre croix claire aperçue l'autre jour. Je croise plein de traces d'animaux rapides. Quelques semelles humaines. Froid de glace.
Après le dîner je prépare mes affaires.Demain nous partons tôt avec Robbie Steinbach qui nous emmène, Carolyn et Pamela et moi, pour Abiquiu.C'est là qu'habitait et peignait Georgia O'Keefe.
Oublier. Se souvenir.