Courte balade et quelques mails. Surtout, préparation d'un diaporama des 10 premiers jours à TaosComme je fais ça avec la fenêtre en face de moi, je vois les arbres et la neige passer de l'éteint à l'étincelant, l'envie me prend alors de partir voir ce qui se passe là-bas au bout de la rue quand on tourne à l'est au lieu d'à gauche pour aller à la ville.J'avais déjà un peu exploré mais pas très loin ce jour où la glace rendait tout vraiment glissant. Et le début m'avait plu; on devinait la ville se perdant en vagues maisons avec voitures d'occasion, des vieux trucs traînant dans les jardins, débordant sur les trottoirs, devenant campagne puis forêt. Ensuite ça montait, les arbres se resserraient en sapins sombres. Sur la carte un ruisseau serpente avec petits ponts et des rives enneigées sûrement. On s'y remet.Evidemment ça commence par l'éternel souci de perfection avec attribution de secondes et de transition à chaque diapo. Me voila dans iphoto, tout le monde sait s'en servir, ça doit pas être compliqué. Je cherche à être précise. Au bout d'un temps je vois qu'à ce rythme rien ne sera fait. Je me résous donc à l'automatisme pas si mal d'ailleurs.Courses au supermarché pour acheter de quoi faire une salade en vitesse.Nous voilà dans la première maison d'Hélène Wurlitzer, celle qu'elle a habitée pendant que l'autre était en construction. C'est notre maison commune! Pleine de charme. On y dîne joyeusement.Puis Liz qui savait que j'avais préparé un truc en parle et il s'avère à ma grande surprise que personne n'a rien apporté. Quoi ? mais quels sont ces Américains, moi qui croyais qu'on pouvait absolument compter sur eux ! Ou alors je ne connais pas encore le code et dire que etc... n'engageait à rien. La seule à se mouiller fut donc la brave représentante de la vieille Europe. Cette Europe jugée au long de leurs récits de séjour chez nous, fort agréable, si jolie, mais bien peu efficace. Ah ! notre signalisation routière.Me voilà à ouvrir mon petit portable et mon haut parleur microscopique (genre 6 cm2), un peu faible malgré tout dans le grand salon mais comme l'écran doit être regardé d'en face et de pas trop loin, ça ira bien. Je me lance. Ils ont beaucoup aimé, me disent-ils.Retour à la lampe de poche à travers le champ enneigé. Liz et moi marchons prudemment dans les pas un peu trop grands de George, le pionnier, (il a tout à fait l'allure de l'aventurier nouveau monde), ça doit être marrant à voir les deux femmes allongeant leur pas, derrière la haute silhouette. Les nuages filent et découvrent la pleine lune. Mes voisins rentrent. Je reste dehors profitant de cette laiteuse clarté.
taos
10- Mes voisins Liz et George, Brodsky Bookstore, Vertige sur le Pont, Gorges du Rio Grande
J'ouvre les rideaux sur un temps blafard, me réconforte avec un délicieux petit déjeuner, vais voir George, qui est d'accord pour partager son accès internet avec moi et me propose de le payer en séances de conversation française. Pas mal. Donc j'ai enfin internet "chez moi", faiblard mais existant.A midi, le soleil revenu, Liz m'invite à déjeuner dans un petit restaurant à côté pour me remercier de l'avoir emmenée faire ses courses en voiture. Après le repas on s'arrête dans une librairie Brodsky Bookstore tenue par Rick, un vieil hippie qui sort ses livres de photos – ah tentation - mais je résiste et la semaine prochaine il apportera un livre épuisé (à lui) qu'il aime beaucoup et je lui montrerai Four Corners de D.Bloomfield et mon livre sur l'imaginaire de la forêt, Lisières du Temps.Au retour Cedric m'aide dans tous mes ennuis informatiques puis, lumière comme j'aime, je décide de partir vers le nord de Taos jusqu'au pont métallique qui surplombe le Rio Grande. Soleil bientôt très bas sur l'horizon.J'avais oublié comme le pont tremble à chaque voiture qui passe. Et je me souviens: Cécile et moi collées au parapet, à regarder l'éclat de nuit de l'eau, là, tout au fond, encore assombri par l'or bientôt disparu des berges. Vertigineux.
Des chevaux ou des vaches là bas? Retour à la nuit tombante, moment délicieux.
9- Democracy Now, Howard Zinn, Rencontre dans la Maison d'Hélène Würlitzer
Democracy now, c'est l'émission que j'écoute très tôt le matin, au lit. Amy Goodman, est une formidable journaliste d’investigation sociale et politique engagée sur le front des droits démocratiques, de la justice sociale, et de la paix. En 1996, elle cofonde la station Democracy now! et en anime l'émission quotidienne d'une heure.Ce matin des interviewes un hommage à Howard Zinn, qui est mort hier. Il a écrit une superbe Histoire Populaire des Etats-Unis qui a été traduite en Français par les éditions Agone.En voici la présentation : "Cette histoire des Etats-Unis présente le point de vue de ceux dont les manuels d'histoire parlent habituellement peu. L'auteur confronte avec minutie la version officielle et héroïque (de Christophe Colomb à George Walker Bush) aux témoignages des acteurs les plus modestes. Les Indiens, les esclaves en fuite, les soldats déserteurs, les jeunes ouvrières du textile, les syndicalistes, les GI du Vietnam, les activistes des années 1980-1990, tous, jusqu'aux victimes contemporaines de la politique intérieure et étrangère américaine, viennent ainsi battre en brèche la conception unanimiste de l'histoire officielle.
Vertige Graphic puis Delcourt l'ont publiée en bd .A 14h, nous nous sommes tous retrouvés dans la maison d'Hélène Wurlitzer autour d'un buffet soigneusement préparé par Michael. On a fait connaissance. Je parle avec Pamela Dodds et Heather King. Certains des "members of the board" étaient là: Bill Ebie l'ex directeur de Roswell, résidence de six mois à un an pour les visual artists, avec une exposition à la fin.Et Rena Rosequist, propriétaire d'une des plus anciennes galeries sur Kit Carson rd, et qui connaît toute l'histoire artistique de Taos depuis l'arrivée des premiers artistes au début du siècle dernier.
Je rentre avec mes voisins, Liz et George, tous deux écrivains.Reprends le Serpent à Plumes, interessant, finalement.
7- Mauve Cachemire, Debra Bloomfield et les 4 Corners, Sirènes de New-York
La température remonte ou est-ce le superbe pull d'un mauve cachemire que j'ai trouvé il y a 2 jours dans une petite boutique d'occasion qui me tient au chaud ?Ou m'habituerais-je au froid ?Lire les poèmes de DH Lawrence écrits à Taos. Impossible de décoller du livre de la photographe Debra Bloomfield: Photos de paysages et de très anciennes petites églises des 4 corners (Utah, Arizona, Nouveau Mexique et Colorado). Un étrange dialogue se noue entre ces vastes paysages souvent pris presque sans lumière et l'intimité des intérieurs d'église. Rien d'artificiel.Photos à l'entour pour apprivoiser ce nouvel espace.
Assise jute à côté du poêle dans un fauteuil vieux rose digne d'un intérieur anglais, j'ai vu la nuit monter et bleuir puis noircir le ciel. Je sais qu'au-dessus de la maison la lune brille. Tout à l'heure en rentrant je l'ai vue si pâle, à travers le haut encore doré des arbres. Je me sens plus contemplative que jamais, une autre manière d'apprivoiser ce lieu. Tellement différent de voyager en voiture dans ce sud-ouest comme nous l'avons fait avec Cécile et d'y résider. Tiens j'entends, loin, une sirène, exactement le même son qu'à New-York quand on les entend passer derrière les doubles vitrages des hôtels.Noir absolu à la fenêtre. Plus rien à distinguer, 18h30. Comme d'habitude j'ai oublié mon thé, juste là, posé, froid maintenant.
6- Rencontre avec mon Voisin, Restaurant "Nouvau Mexique" avec Carolyn
Chien qui aboie au passage, se tait quand j’approche du grillage.Je retrouve Carolyn, l'écrivaine de théâtre pour un déjeuner dans un restaurant "Nouveau Mexique".
On marche jusqu'à LA bibliothèque, où nous rencontrons mon voisin (finalement en terrain neutre): écrivain lui aussi. Quand Carolyn lui demande ce qu'il écrit il répond : "books". J'ai dû prendre un air trop dubitatif, ai senti qu'il interprétait ça comme un doute sur son statut d'écrivain alors que je me demandais juste quel genre de livre il écrivait.