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Les Figures de l’Invisible
Le Thoronet


Est-ce l’esprit des lieux façonné par le choix de l'emplacement et de son orientation,
le savoir et le travail des bâtisseurs,
la résistance des pierres issues du sol où les abbayes sont enracinées ?

Est-ce la simplicité et la hauteur très pure de l'espace intérieur ?

Est-ce, offerte par les rares ouvertures,
la lumière, blanche, rose ou dorée,
jetée en taches éblouissantes sur les murs et les pavages, adoucie aux courbes des voûtes, ou au long des marches ?

Est-ce l’ascèse - prière, retirement, jeûne, chants, travail, discipline - de la vie des moines qui y ont vécu. ?

C'est en tout cas au moment même où nous passons la porte, entrant dans la fraîcheur ombreuse et le silence que nous nous taisons.

Comme eux :

J’entre, la lumière m’éblouit. L’ombre n’est plus qu’une plage de noir. Les gris réapparaissent. Odeur minérale. Je marche, regarde en l’air, par terre, flaques et traits de lumière, puis sortir, les arbres derrière, les ruines. Senteur de l’air. Entrer à nouveau. Passer du cloître au chœur, du dortoir aux jardins. Besoin d’établir une cohérence entre le dedans et le dehors…

Deux axes s’imposent : la lumière, les passages.

 
The light brings with it shifts in tint on the surface of the stone, producing subtle exercises in perspective that render the depth of window embrasures legible. In the closed world of the monastery, this graphic demonstration of the passage of time acquires particular significance.
— john pawson
 
 Lois de pure lumière vers lesquelles tout patient travail du regard, de la pensée, du cœur, du rêve, de l’attente nous achemine peu à peu.
— Sylvie Germain, Patience et Songe de Lumière
 
La plupart des pierres seront traitées rudement, grossièrement : nous gagnerons du temps. Le soleil accrochera les facettes, les éclats, et fera précieuse la matière scintillante. Les angles, les joints dressés, ciselés, deviendront les pures arêtes, définiront le filet de la maille élémentaire, par la discrète diversité des fins appareillages que nul mortier apparent n’insensibilisera. Voilà pourquoi je ne veux pas la bâtir, l’engluer de chaux; je veux lui laisser un peu de liberté, sinon elle ne vivrait pas.
— Fernand Pouillon, les pierres sauvages
 
Quant aux photographies du Thoronet, eh bien il suffit, je crois d’avoir goûté un jour l’admirable sobriété d’une abbaye cistercienne, pour comprendre que Transparence et Secret s’y épousent bien plus qu’ils ne s’y opposent. Et Marie Baille a su magnifiquement capter cela dans son objectif.
— Pascal Riou